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RRA – Rapport d'activité 2024-Mai 2025

PROPOS INTRODUCTIF

​

Structure de recherche fédérative regroupant des enseignants chercheurs de huit

universités françaises et des associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui

exercent une mission citoyenne et un travail socio-éducatif de proximité (la LICRA,

CoExist, l’OEuvre de Secours aux Enfants), le Réseau de Recherche sur le Racisme et

l’Antisémitisme se donne pour ambition de renouveler les apports de la recherche sur le

racisme, l’antisémitisme et l’antiracisme. Une réflexion épistémologique en constitue le

soubassement nécessaire. Le RRA accueille des perspectives et des points de vue

disciplinaires variés (histoire, histoire des idées, sociologie, psychanalyse, psychologie

sociale, sciences de l’éducation, sociologie de l’éducation, droit, science politique,

philosophie, linguistique, histoire de l’art, littératures) afin que cette richesse disciplinaire

nourrisse la réflexion intellectuelle en France et au-delà.

Le dernier rapport d’activité du RRA date de février 2022 et présentait l’année 2021. Les

répercussions du Covid, les réorganisations universitaires, les aléas multiples (sur lesquels

ce rapport revient) ont été autant d’obstacles à la composition des rapports suivants. Le

présent rapport témoigne de notre volonté de consolidation et progression.

​
1. STRUCTURATION INSTITUTIONNELLE DU RRA ET REFLEXION SUR CETTE STRUCTURATION

​

Créé en lien avec la mise en place de référents racisme et antisémitisme et des référents

laïcité à l’Université, le Réseau de Recherche sur le Racisme et l’Antisémitisme a été

officiellement lancé le 20 novembre 2019 à la Maison Européenne des Sciences de

l’Homme et de la Société (MESHS) dont Martine Benoit était alors directrice1 . Il se

structure autour de trois instances, le Comité directeur, le bureau de direction, le Conseil

Scientifique, et a pour présidente d’honneur Dominique Schnapper, sociologue, directrice

d’études émérite à l’EHESS, Présidente du Conseil des Sages de la laïcité de l’Éducation

nationale.

​

1.1. LE COMITE DIRECTEUR

​

Au Comité directeur siègent les représentants des universités partenaires : Martine Benoit

(Université de Lille) ; Sylvie Brodziak (Cergy Paris Université) ; Marianne Closson

(Université d’Artois) ; Céline Masson (UPJV - Université de Picardie Jules Verne) ; Isabelle

de Mecquenem (URCA - Université Reims Champagne Ardenne) ; Valérie Spaëth

(Université de La Sorbonne-Nouvelle) ; Giorgia Tiscini (Université Rennes 2) ; Jean

Szlamowicz (Université de Bourgogne).

Le Comité Directeur a notamment pour fonction de :

• décider des orientations scientifiques, des projets de recherche, de réalisations

d'opérations spécifiques, de propositions d'actions pour ce programme de

recherche,

• discuter et approuver le bilan annuel d’activité et le programme annuel d’activité,

• délibérer sur le budget prévisionnel et l'exécution du budget en fin d'exercice,

• veiller à l’utilisation optimale des moyens mis en place pour ce partenariat,

• approuver l'adhésion de nouveaux membres,

• proposer des modifications à apporter à la convention, celles-ci étant constatées

par des avenants signés par chacune des parties.

Le Comité directeur a été réuni une seule fois en 2022 (21/04/22) et en 2023 (15/05/23). En

2024, trois réunions ont eu lieu, le 16 février, le 20 mai et le 9 juillet. En 2025, le CoDir s’est

réuni les 17 mars et 27 mai.

​

1.2. LE BUREAU DE DIRECTION

​

Le bureau de direction est constitué de

• la directrice du RRA, Céline Masson, Professeure des universités en

Psychopathologie clinique de l’Université de Picardie Jules Verne, rattachée au

Centre d’Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits (CHSSC) ;

• la directrice adjointe Isabelle de Mecquenem, Professeure agrégée de Philosophie

de l’INSPÉ - Université de Reims Champagne-Ardenne

• la directrice adjointe Martine Benoit, Professeure des Universités en Histoire des

idées (études germaniques) de l’Université de Lille, rattachée à ALITHILA

(Analyses littéraires et histoire de la langue).

Le bureau de direction

• anime et harmonise les activités de recherche du RRA en collaboration

avec les responsables d’axe,

• s'assure de la cohérence scientifique des recherches du RRA et de leurs

avancées au regard de la stratégie scientifique choisie,

• élabore un bilan annuel d’activité et un programme annuel d’activité,

• met en oeuvre la politique scientifique du RRA telle que définie par le

Conseil scientifique et validée par le Comité directeur du RRA,

• assure la représentation scientifique du RRA auprès des tiers,

• assure l’échange des informations au sein du RRA,

• convoque les réunions du Comité directeur.

Le bureau de direction s’est réuni quatre fois en 2024, les échanges par mail étant en outre

fréquents

​

1.3. UN CONSEIL SCIENTIFIQUE A RELANCER

​

Le Conseil scientifique du RRA a été constitué avec pour mission de conseiller le Comité

directeur et le Bureau de direction, s’appuyant pour ce faire sur le rapport annuel d’activité

et sur les résultats obtenus au regard des objectifs fixés et des moyens alloués. Selon les

statuts du RRA, le Conseil scientifique donne son avis sur le programme annuel d’activité

et formule des conseils et recommandations sur les orientations scientifiques et les

programmes de recherche à venir. Le Conseil scientifique veille notamment :

• à la cohérence interne des axes et des programmes de recherche,

• à leur dimension pluridisciplinaire,

• à leur adéquation à la situation française, et à la meilleure articulation possible

entre recherches sur la longue durée et compréhension du présent, ainsi

qu’entre recherches sur des processus internationaux et compréhension des

problèmes nationaux,

• à l’enrichissement des axes et/ou à la mise en place de nouveaux axes utiles,

• à la meilleure articulation possible entre recherche fondamentale et recherche

appliquée, ayant pour finalité des actions, notamment par la diffusion d’idées

et par des préconisations auprès de diverses institutions et associations.

​

Aussi le Conseil scientifique doit-il jouer un rôle d’accompagnement et de

recommandation afin de contribuer à l’évolution du RRA. Pendant les années 2022-2024,

le Conseil scientifique, pourtant relancé en 2021, n’a pas su prendre véritablement ses

marques. Aussi a-t-il été décidé en CoDir de relancer cette instance, avec une nouvelle

présidence (voir partie Perspectives)

​
1.4. ORGANISATION ADMINISTRATIVE ET AU QUOTIDIEN

​

L’Université de Picardie Jules Verne porte administrativement le RRA et sa gestion

administrative est assurée par Eugénie Lefeuvre et Marie-France Thibaut, gestionnaire du

laboratoire CHSSC auquel Céline Masson est rattachée.

Le bureau de direction est de plus épaulé par une doctorante, Franeilla Yonie, en charge

de la Newsletter mensuelle (création en décembre 2019) et de l’alimentation du site

(création en septembre 2021).

​

1.5. LES AXES – REFLEXIONS SUR LEUR EVOLUTION

​

A sa création et après une courte phase d’adaptation, le RRA était constitué autour de six

axes de recherche (voir en annexe la présentation complète) :

​

• Axe 1 L’histoire et les métamorphoses de l’antisémitisme, axe coordonné

par Gilles DENIS, Maître de conférences HDR en épistémologie à l’Université

de Lille, et Joël KOTEK, Professeur en Science Politique à l’Université Libre de

Bruxelles.

• Axe 2 : Représentations racistes : construction, diffusion et transmission

mémorielle, axe coordonné par Yann Jurovics, Maître de conférences en droit

international à l’Université d’Évry Val d’Essonne, Béatrice Madiot, Maître de

conférences en psychologie sociale à l'Université de Picardie Jules Verne, et

Olga Megalakaki, Professeure en psychologie du développement cognitif à

l'Université de Picardie Jules Verne.

• Axe 3 : L’antisémitisme comme pivot du conspirationnisme, axe coordonné

par Patricia Cotti, Maître de conférences HDR en psychopathologie clinique à

l’Université de Strasbourg, et Valérie Igounet, historienne, chercheuse

associée à l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS et Université Paris 8

Vincennes à Saint-Denis) et co-directrice de l’Observatoire du

conspirationnisme.

• Axe 4 : Racisme et antisémitisme en milieu scolaire et universitaire, axe

coordonné par Isabelle de Mecquenem, Professeure agrégée de philosophie,

ESPÉ-Université de Reims, Référente Racisme et Antisémitisme.

• Axe 5 - Lutte(s) contre le racisme et l’antisémitisme, axe coordonné par

Martine Benoit, Professeur en histoire des idées (études germaniques) à

l’Université de Lille, et Céline Husson-Rochcongar, Maître de conférences en

​

​

Droit public et droit international et européen des droits de l’homme à

l’Université de Picardie Jules Verne, Référente laïcité de l’UPJV

​

• Axe 6 (transversal) - Nouvelles radicalités : pratiques et discours, axe

coordonné par Yana Grinshpun, MCF en linguistique à l’Université Sorbonne

Nouvelle, et Thierry Lamote, MCF en psychopathologie clinique, directeur du

centre d’Étude des radicalisations et de leurs traitements (CERT) à l’Université

Paris.

Constatant cependant le manque d’activité des axes, le CoDir du RRA propose de

supprimer les axes et de mettre l’accent sur la réponse à des appels à projets et des projets.

 

1.6. LE BUDGET DE FONCTIONNEMENT DU RRA
​

Le budget de fonctionnement du RRA est pour l’instant assuré par l’adhésion des

universités partenaires à hauteur de 1 000€ par an avec un engagement sur quatre ans.

Le « Prix de thèse du RRA-Jeanne Hersch » est soutenu par l’Institut Jonathas, Centre

d’études et d’action contre l’antisémitisme (Bruxelles). La dotation est de 4000 euros.

 
1.7. COMMUNICATION ET CREATION DU SITE RRA
​

Afin d’assurer sa visibilité, le RRA a investi trois champs distincts de communication, une

Newsletter mensuelle, un site dédié, une liste de diffusion renater :

• La première Newsletter du RRA a été inaugurée en décembre 2019, cette lettre

d’information paraît sur un rythme mensuel depuis septembre 2020 (avec une

pause en juillet et août). La Newsletter permet d’annoncer les actions et

recherches du RRA ainsi que des parutions d’ouvrages, des conférences ou

séminaires de nos membres ou associés.

• En septembre 2021, le RRA a lancé son site, après un travail important au sein

du CoDir : https://www.reseau-recherche-rra.fr/ : le site est désormais organisé

autour de 9 onglets, présentant l’organisation du Réseau, ses objectifs, le Prix

de thèse, les recherches en cours, les conférences, les événements partenaires,

des ressources (notamment le MOOC-série documentaire en 6 épisodes lancé

en 2021 sur le thème « Comprendre et combattre le racisme et

l’antisémitisme ») et un onglet dédié à la Collection du RRA, « Questions

sensibles »

• Une liste renater-RRA a été mise en place à la fin de l’année 2023. Complément

à la Newsletter mensuelle, elle permet un contact et des rappels sur les

conférences et les événements du RRA à plus de 500 abonnés. On pourra

retrouver les Newsletter ici : https://us19.campaignarchive.

com/home/?u=16fcc361b12c883f932e07c23&id=849f3629d7

​

2. ACTIONS 2024
​

Le directoire du RRA a eu à coeur de poursuivre les actions concrètes impulsées à partir de

2020, en programmant des conférences à distance, en développant la collection

« Questions sensibles » chez l’éditeur Hermann. Le début de l’année 2025 a également

permis de relancer le Prix de thèse du RRA, appelé Prix Jeanne Hersch.

​

2.1. LES CONFERENCES 2024-JUIN 2025
​

CYCLE DE CONFERENCE 2024 : « L’ANTISIONISME EST-IL LA FORME DEMOCRATIQUE DE

L’ANTISEMITISME ? »

​

En 2024, le RRA, soucieux de contribuer à penser le 7-octobre, a lancé un cycle de

conférences sur le thème : « L’antisionisme est-il la forme démocratique de

l’antisémitisme ? Est-ce la seule expression licite de l’antisémitisme après la Shoah ? »

dont l’argumentaire était le suivant :

« Constituant le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah, l’attaque du 7 octobre 2023

a paradoxalement suscité un déchaînement du discours contre les Juifs à la faveur de

l’amalgame entre ‘juif’ et ‘sioniste’. La guerre en cours n’a pas « libéré » la parole

antisémite, mais l’a légitimée en permettant l’expression combinée de l’antisionisme et de

l’antisémitisme articulée à la lutte contre un État qualifié de ‘raciste’, ‘fasciste’, voire ‘nazi’

par une partie de l’opinion mondiale, y compris dans des discours politiques, qu’ils soient

de partis ou d’États.

​

En effet, nous avons constaté en peu de temps un effet d’escamotage de la réalité

politique et historique : d’une part, l’occultation du fait pogromiste initial avec plus de 1250

personnes massacrées ; d’autre part, le renversement des victimes en agresseurs, selon

une logique qu’Albert Camus avait vue à l’oeuvre dès 1948, le persécuté muté en

persécuteur oblitérant alors la culpabilité de la Shoah.

Ce double phénomène idéologique de réécriture dont l’inversion est le trope

caractéristique, s’est produit en particulier sur les campus universitaires et notamment en

France. Trois présidentes d’universités américaines ont ainsi pu soutenir devant le Congrès

que l’appréciation des appels au génocide des juifs survenus sur leurs campus ‘dépendait

du contexte’.

​

Devant l’abolition du discernement dont témoignent ces propos cyniques émanant de

représentantes des élites intellectuelles, nous proposons de décrypter la mythologie

antijuive recomposée à partir de l’antiracisme né des idéologies décolonialistes, racialistes

et identitaristes qui pratiquent un pseudo pacifisme et alimentent un discours parfois

violemment antisioniste au nom de la ‘cause palestinienne’ déshistoricisée et absolutisée.

Ainsi, nous avons pu observer des glissements et des confusions aussi graves que délétères

entre ‘antisémitisme’ et ‘antisionisme’ à l’université comme dans l’arène politique.

Ce cycle de conférences s’attachera à comprendre les logiques qui sous-tendent une telle

polarisation idéologique et s’efforcera d’analyser l’expression exacerbée de passions

politiques que nous observons, y compris dans les universités qui devraient être le lieu

même de la raison et de la réflexivité critique ».

​

Voici le détail de ces 15 conférences étalées sur l’année 2024 :

​

• Le 1er février, Elie Barnavi, « Antisémitisme, Antisionisme, Judéophobie :

comment s’y retrouver ? »

​

Elie Barnavi est Professeur émérite d’histoire de l’Occident moderne à l’Université de

Tel-Aviv. Ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi a publié une Histoire

universelle des juifs (avec Denis Charbit) et tout récemment ses Confessions d’un bon à

rien chez Grasset.

​

• Le 15 février, Anne Quinchon-Caudal, « Comment Hitler devint un antisémite

fanatique »

​

Docteur en études germaniques, Anne Quinchon-Caudal est Maître de conférences à

l’Université Paris-Dauphine et chercheuse associée au laboratoire I.C.T. (Identités,

Cultures, Territoires-Les Europes dans le monde) de l’Université Paris Cité depuis 2013.

Elle vient de publier à CNRS Éditions Avant ‘Mein Kampf’. Les années de formation

d’Adolf Hitler.

​

• Le 14 mars, Bruno Chaouat, « Notes sur le néga-sionisme »

​

Professeur de littérature française et directeur du Center for Holocaust and Genocide

Studies à l’Université du Minnesota, Bruno Chaouat a notamment publié aux Liverpool

University Press Is Theory Good for the Jews ? French Thought and the Challenge of the

new Antisemitism (2016) et a donné une première conférence au RRA en mai 2021 sur

le thème « La musique est-elle raciste ? ». Cette conférence n’a pas été enregistrée.

​

• Le 21 mars, Bruno Karsenti, « Délitement ou permanence de l’Europe post-

Shoah : La question des minorités et ses évolutions »

​

Philosophe, historien de la sociologie, directeur d’études à l’EHESS, Bruno Karsenti a

publié en 2017 La question juive des modernes. Philosophie de l’émancipation aux PUF.

Son dernier livre vient de paraître chez Fayard, La place de Dieu – Religion et politique

chez les modernes. Il est co-fondateur de la revue en ligne K. Les Juifs, l’Europe, le

XXIème siècle.

​

• Le 4 avril, Jean-Pierre Winter, « La question du meurtre d’enfants – comment

légitimer l’antisémitisme, du Moyen-Âge chrétien aux propagandes islamistes

contemporaines ».

​

Psychanalyste, écrivain, Jean-Pierre Winter est l’auteur, entre autres, de L’éthique de

Job. Lectures psychanalytiques de la Bible aux éditions du MAHJ (2008), Transmettre (ou

pas) (2012) et L’avenir du père : réinventer sa place ? chez Albin Michel (2019). Jean-

Pierre Winter propose régulièrement des interventions sur Akadem, notamment sur

Hannah Arendt et sur l’interdit de la représentation.

​

• Le 18 avril, Florence Bergeaud-Blackler, avec Fadila Maaroufi, « Frérisme et

antisémitisme »

​

Anthropologue, chargée de recherche HDR au laboratoire Groupe Sociétés-Religions-

Laïcités de l’EPHE, Florence Bergeaud-Blackler a publié en 2017 au Seuil Le Marché

halal ou l’invention d’une tradition et en 2023 chez Odile Jacob Le Frérisme et ses

réseaux, l’enquête. En novembre 2023 le « Comité Laïcité République » lui a décerné le

Prix Science et Laïcité.

​

Fadila Maaroufi est titulaire d’un master en anthropologie de l’Université Catholique

de Louvain-la-Neuve (UCL). De 2000 à 2014, elle a été travailleuse sociale dans des

quartiers défavorisés de Bruxelles. Depuis 2015 elle présente des séminaires et des

colloques sur le thème de la radicalisation visant un public de professionnels. Elle fait

partie de la commission de surveillance de la prison de Nivelles en Belgique. Ses

recherches doctorales portent sur les processus de radicalisation des femmes

musulmanes dans une analyse comparative en Europe.

​

• Le 25 avril, Joël Kotek, « La distorsion de la Shoah et/ou nazification d’Israël

comme nouvelle forme d’antisémitisme »

​

Politologue, historien, Joël Kotek est Professeur en Science Politique à l’Université

Libre de Bruxelles et dirige la revue Regards.

​

• Le 23 mai, Dominique Schnapper, « Temps inquiets. Le retour de

l’antisémitisme »

​

Sociologue et politologue, Dominique Schnapper préside le Conseil des sages de la

laïcité et des valeurs de la République, créé en 2018. Elle est l’auteur, entre autres, chez

Gallimard, de Juifs et Israélites (1980), La Communauté des citoyens, sur l’idée moderne

de nation (1994), La Relation à l’Autre (réédition « Tel », 2023), La condition juive en

France. La tentation de l’entre-soi (avec Chantal Bordes-Benayoun et Freddy Raphaël -

2009), La citoyenneté à l’épreuve. La démocratie et les juifs (2018) ainsi qu’en 2021, chez

Odile Jacob, Temps inquiets. Réflexions sociologiques sur la condition juive.

​

• Le 30 mai, Günther Jikeli, « L’antisémitisme dans les universités américaines »

Historien et sociologue, Günther Jikeli est titulaire de la chaire Erna B. Rosenfeld à

l’Institute for the Study of Contemporary Antisemitism de l’Université d’Indiana. Il

dirige le Research Lab « Social Media & Hate ». Il est professeur associé en études

germaniques et en études juives. Günther Jikeli mène des recherches et enseigne sur

l’antisémitisme en ligne et hors ligne au XXIème siècle. Il est associé au CNRS par le

biais de l’institut de recherche Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL). Il est coéditeur

de L’antisémitisme contemporain en France. Rémanences ou émergences ?

(2022), Le retour de l’antisémitisme religieux ? (2021, en anglais), et Le nouveau malaise.

L’antisémitisme en Allemagne et en Europe aujourd’hui (2019, en allemand).

​

• Le 6 juin, Jacques Ehrenfreund, « Le fondement théologico-politique de

l’antisionisme »

​

Professeur à l’Université de Lausanne, titulaire de la Chaire d’histoire des Juifs et du

judaïsme au Département d’histoire et de sciences des religions, Jacques Ehrenfreund

est rattaché à l’Institut d’histoire et anthropologie des religions (IHAR) et dirige le

Centre interdisciplinaire d’études juives (CIEJ). Il est cofondateur de la revue en ligne

K. Les Juifs, l’Europe, le XXIème siècle.

​

• Le 27 juin, Frédéric Encel, « L’antisionisme est-il un antisémitisme ? »

​

Docteur en géopolitique-HDR, Professeur de relations internationales à l’ESG

Management School, Maître de conférences à Sciences-Po Paris, Frédéric Encel a

publié en 2006 chez Armand Colin Géopolitique du sionisme (édition augmentée 2015)

et vient de publier chez Autrement un Atlas géopolitique d’Israël. Il est lauréat de

l’Académie des sciences morales et politiques pour Les Voies de la puissance (Odile

Jacob, 2023). Cette conférence n’a pas été enregistrée.

​

• Le 26 septembre, Denis Charbit, « Un antisioniste juif peut-il être antisémite ? »

​

Professeur de science politique et d’histoires des idées à l’Open University of Israël,

Denis Charbit a publié en mai 2023 la troisième édition revue et augmentée de son

ouvrage consacré aux idées reçues sur Israël, Israël et ses paradoxes (Cavalier bleu).

Denis Charbit propose sur Akadem une série de huit cours de sur « L’histoire du

sionisme ». Le 18 septembre est paru chez Calmann-Lévy Israël, l’impossible État

normal.

​

• Le 10 octobre, Yann Jurovics, Échange sur le thème « Israël et le droit

international »

​

Maître de conférences en Droit international public à l’université Paris Saclay, Yann

Jurovics est un ancien juriste auprès des Tribunaux Pénaux Internationaux pour l’ex14

Yougoslavie et pour le Rwanda et réviseur juridique à la CIJ. Il a pour Akadem assuré

une série sur Israël et la CIJ et la CPI.

​

• Le 14 novembre, Jean Szlamowicz, « L’antisionisme et la séduction : particularités

argumentatives d’un dispositif discursif »

​

Professeur des universités, linguiste et traducteur, enseignant à l’université de

Bourgogne où il est référent racisme et antisémitisme, Jean Szlamowicz est spécialiste

de sémantique et d’analyse du discours. Il travaille sur la rhétorique et la mise en forme

des idéologies (Les moutons de la pensée, Cerf, 2022) en particulier autour des question

de « genre » (Le sexe et la langue, Intervalles 2023) et d’antisémitisme (Détrompezvous!,

Intervalles, 2011; « La singularisation d’Israël et la post-vérité »

(https://www.revuepolitique.fr/la-singularisation-disrael-et-la-post-verite/). Il dirige la

collection Le point sur les idées chez Intervalles (Taguieff, Trigano, Prokhoris, Tiercelin,

Rastier, Heckmann…).

​

• Le 28 novembre, François Rastier, « L’idéologie intersectionnelle et la nouvelle

géopolitique de l’antisémitisme »

​

François Rastier, Directeur de recherche honoraire au CNRS, est un linguiste spécialisé

en sémantique des textes. Il travaille sur les sciences de la culture et leur

épistémologie, comme sur les discours identitaires (du nazisme au décolonialisme).

Parmi ses derniers ouvrages : Heidegger, Messie antisémite. Ce que révèlent les Cahiers

noirs (2018) ; Exterminations et littérature. Les témoignages inconcevables (2019) ; Petite

mystique du genre (2023) et le collectif Métapolitique contre culture (2023). François

Rastier préside l’Institut Ferdinand de Saussure et anime le collectif La Reconstruction

(https:/ lareconstruction.fr/).

​

Les conférences peuvent être visionnées ici :

​

https://www.youtube.com/playlist?list=PLZUigjNWmPHcepR6zXpSgDXnIF7xNg89K

 

CYCLE DE CONFERENCE 2025 : « L’ETUDE DES GENOCIDES. ENTRE LUTTES DE QUALIFICATION ET ABUS DE MOTS »

​

De janvier à juin 2025, le RRA a lancé un nouveau cycle de conférences sur le thème

« L’étude des génocides – entre luttes de qualification et abus de mots », avec un dispositif

renouvelé : trois chercheurs, juriste (Yann Jurovics), psychanalyste (Régine Waintrater) et

linguiste (Jean Szlamowicz), ont discuté avec un chercheur présentant son travail sur les

génocides. Ce nouveau cycle avait pour argumentaire le texte suivant :

« Élaboré par Raphaël Lemkin durant la Seconde Guerre mondiale dans le cadre d’une

réflexion juridique, le néologisme ‘génocide’ est initialement un concept, c’est-à-dire une

théorisation, et s’appuie sur l’histoire, le droit et la nécessité de décrire une actualité

politique particulière. C’est bien un ‘mot nouveau, créé par l’auteur, pour décrire une

pratique ancienne et ses développements modernes’. Le statut terminologique de ce

néologisme s’inscrit dans le cadre du droit international.

​

Le terme est cependant passé dans le langage courant, non sans extensions et

déformations, notamment par ajout d’adjectifs (‘génocide culturel’). Comme d’autres

termes décrivant une réalité politique (‘apartheid’, ‘occupation’, ‘colonisation’,

‘extrémisme’, …), le mot ‘génocide’ est donc susceptible de dégénérer dans un usage flou

et polémique.

​

Il est ainsi devenu un enjeu de communication et, par captation victimaire, un enjeu de

pression diplomatique. ‘Reconnaitre’ un génocide revient ainsi pour un État à prendre une

position, mémorielle ou actuelle, qui l’engage dans un rapport diplomatique avec les

entités qui en sont l’auteur ou la victime. Par ailleurs, l’accusation de génocide, justifiée ou

fantaisiste, est un outil de pression qui joue sur les opinions publiques.

Le RRA propose dans son cycle de conférences une réflexion théorique, une analyse de

situations historiques spécifiques et étudie les usages de la notion elle-même. On envisage

donc le génocide comme catégorie politique, juridique, historique et comme mot courant,

comme hyperbole, comme terme polémique.

On s’attache aussi aux rapports de la notion de génocide avec celles de ‘crimes de guerre’,

‘crime contre l’humanité’, ‘terrorisme’, ‘épuration ethnique’, ‘extermination’, en se

demandant s’il s’agit de distinctions sémantiques ou bien si elles doivent avoir une

pertinence juridique.

​

De fait, peut-on élaborer une typologie fiable ou chaque cas implique-t-il des spécificités

irréductibles aux catégories juridiques ? Comment articuler une définition globale et la

description d’une multitude de critères ? Le génocide se définit-il par son intention ou par

l’effectivité de sa mise en oeuvre ? Le génocide implique-t-il une démarche étatique ou

bien peut-il comprendre des massacres spontanés ? Comment distinguer les luttes armées

des génocides ? Toute persécution relève-t-elle du génocide ? Tout massacre d’ennemis

relève-t-il du génocide ?

​

Les usages discursifs et les décisions juridiques ne sont pas forcément cohérents, ce qui

implique d’envisager la notion de génocide à des niveaux différents et parfois

contradictoires. Par exemple se pose la question de savoir si on peut parler de génocide

pour un acte isolé ou bien si cela doit décrire exclusivement une politique globale (on parle

ainsi du ‘génocide de Srebrenica’ ou bien du ‘massacre de Srebrenica’).

On propose d’examiner les thématiques corrélées qui entrent dans la définition du

génocide, comme les notions de groupes humains envisagés selon des critères variables

(ethnicité, religion, nationalité, caste…), l’asymétrie de la violence, son caractère absolu,

etc.

​

L’examen de cas particuliers (Arménie, Soudan, Rwanda, Cambodge, Shoah…) pose aussi

la question de la réalité matérielle des génocides et des distinctions qui émergent dans

leur mise en oeuvre sur le plan des moyens (meurtres collectifs, castration, conquête,

remplacement…) ».

​

Voici le détail des cinq conférences de ce cycle :

​

• Le 9 janvier, Claire Mouradian, « Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman.

Une histoire nationale, impériale et européenne »

​

Claire Mouradian est historienne, directrice de recherche émérite au CNRS et

enseignante à l’EHESS, spécialiste de l’histoire de l’Arménie et du Caucase. Elle est

membre du comité de rédaction de la Revue d’Histoire de la Shoah. Elle a publié

notamment L’Arménie, Paris, PUF, coll. Que-sais-je ? n° 851, 2024 (7e éd.), Les

Arméniens en France, du chaos à la reconnaissance, Toulouse, l’Attribut, 2010 (avec

Anouche Kunth), Manouchian, Paris, Textuel, 2023 (avec Astrig Atamian et Denis

Peschanski), Le front caucasien. Enjeux d’empires et de nations, 1914-1922, Paris,

Editions du CNRS, 2024 (avec Cloé Drieu et Alexandre Toumarkine). Elle a cocoordonné

deux dossiers de la Revue d’histoire de la Shoah sur le génocide des

Arméniens (2003, 2015) et a été co-commissaire des expositions dédiées à ce génocide

au Mémorial de la Shoah à Paris (2015) et Drancy (2021).

Le génocide des Arméniens est à la fois une page – la plus tragique – et un moment

charnière de la longue histoire des Arméniens, mais aussi un événement qui s’inscrit à

la fois dans le contexte de l’Empire ottoman finissant et des relations internationales

autour de la Question d’Orient jusqu’à la Grande Guerre. L’intervention abordera ces

diverses dimensions : nationale, impériale, européenne.

La conférence peut être visionnée ici :

https://www.youtube.com/watch?v=B78cNrtsb0U

​

• Le 6 février, Hélène Dumas, « Le génocide des Tutsi au Rwanda : histoire d’un

racisme en acte ».

​

De nationalité française et rwandaise, Hélène Dumas est historienne, chargée de

recherche au CNRS (Cespra-EHESS). Depuis vingt ans, elle travaille sur l’histoire du

génocide des Tutsi au plus près des paysages, des archives et de la langue de la

dévastation. Ses recherches actuelles portent sur l’expérience des victimes et des

survivants du génocide. Elle a notamment publié Le génocide au village. Le massacre

des Tutsi au Rwanda (Seuil, 2014, coll. Points Histoire, 2024) et Sans ciel ni terre. Paroles

orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006) (La Découverte, « À la source », 2020,

Poche, 2024).

​

La conférence peut être visionnée ici :

https://www.youtube.com/watch?v=9h0Uk_rmU8g

​

• Le 13 mars, Jean-Marc Dreyfus, « La Shoah et autres violences de masse :

Réflexions historiennes sur l’utilisation du terme ‘génocide’ »

​

Jean-Marc Dreyfus est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de

Manchester (Royaume-Uni) et chercheur associé au Centre d’histoire de Sciences Po.

Il est spécialiste des aspects économiques de la Shoah (spoliations et réparations) et a

publié plusieurs témoignages et journaux de victimes. Ses recherches actuelles portent

sur le traitement des cadavres dans les violences de masse et les génocides. Il a publié

récemment : « La mémoire longue de la survie d’une famille juive pendant

l’Occupation. Essai d’analyse réflexive d’une mémoire familiale de la persécution »,

Ethnologie française, 2024/1, vol. 54, 71-86.

​

• Mardi 29 avril, Joël Kotek, « Le génocide oublié des Herero et des Nama »

Le génocide des Herero (et Nama) est le massacre systématique perpétré par l’Empire

allemand entre 1904 et 1908 en actuelle Namibie, alors colonie allemande, faisant

entre 60 000 et 80 000 morts parmi les populations Herero et environ 10 000 chez les

Nama. Considéré comme le premier génocide du XXe siècle, il s’est caractérisé par des

massacres, des déportations dans le désert, des camps de concentration et une

politique d’extermination raciale. Il préfigure dans certains de ses aspects, la Shoah.

​

La conférence peut être visionnée ici :

https://www.youtube.com/watch?v=kS_qtqoAMLY

​

• Mardi 10 juin, Iannis Roder, « La logique génocidaire : l’exemple de la Shoah »

L’immensité de la catastrophe vécue par les juifs dans une Europe sous le joug nazi ne

cesse d’interroger sur les facteurs qui ont mené un État moderne à mettre en oeuvre

une politique d’assassinat systématique d’un groupe préalablement défini, les juifs. En

réalité, il conviendrait plutôt d’écrire « les juifs » tant les nazis ont construit une image

totalement fantasmatique « du juif », être maléfique, véritable image du Mal. La

réflexion de l’intervention se propose d’aborder la centralité de l’idéologie, la

Weltanschauung (vision du monde) nazie dans les analyses qui, à travers un processus

politique et militaire, ont mené à la décision de l’éradication de la présence juive sur

terre et à la mise en oeuvre d’une politique publique visant à mener à bien ce projet

éradicateur. Les différentes étapes de franchissement de seuils seront abordées en

liant les évènements militaires à l’analyse qu’en ont fait les dirigeants nazis à l’aune de

leur idéologie. L’idée est ainsi de démontrer que sans vision idéologique, il n’y a pas de

mise en oeuvre d’une politique génocidaire, laquelle répond en réalité à une lecture

obsidionale et paranoïaque des évènements. L’État génocidaire est ainsi mené par des

hommes absolument convaincus de la nécessité du crime afin de préserver non

seulement la « pureté » mais également de sauver le peuple qu’ils dirigent d’une

« extermination » selon eux programmée. La politique génocidaire est donc le résultat

d’une l’inversion de la menace dans l’esprit des assassins et un geste vécu comme

nécessaire car défensif.

​

La conférence peut être visionnée ici :

https://www.youtube.com/watch?v=jThdSA2NPFA

​

2.2. LES PUBLICATIONS : LA COLLECTION « QUESTIONS SENSIBLES » CHEZ HERMANN
​

Céline Masson et Isabelle de Mecquenem ont créé chez l’éditeur Hermann la collection

« Questions sensibles ». Entre 2023 et le début de l’année 2025, cette collection a accueilli

quatre ouvrages :

​

• Pierre-André Taguieff, Où va l’antiracisme ? Pour ou contre l'universalisme (2023 ;

introduction d’Isabelle de Mecquenem) : Dans ce bref essai, Pierre-André Taguieff

s’interroge sur le devenir de l’antiracisme, qu’il analyse comme un ensemble de

croyances et de pratiques oscillant entre le pôle des valeurs universalistes et celui

des valeurs identitaires ou différentialistes. Soumettant les discours antiracistes

contemporains à un examen critique, il analyse la tentation croissante du

relativisme culturel radical alimentée par le déconstructionnisme et le

constructivisme social, la racialisation de tous les problèmes de société, la

sacralisation des « minorités » érigées en victimes et la séduction exercée par ce

qu’il appelle le néo-antiracisme, c’est-à-dire un antiracisme réhabilitant l’idée de

race ou d’identité raciale, faisant ainsi surgir, par un retournement paradoxal, un

antiracisme racialiste, voire raciste. Nourrie de slogans et de mots de passe

(« racisme systémique », « racisme d’État », « intersectionnalité », « privilège

blanc », etc.), une nouvelle langue de bois pseudo-antiraciste s’est diffusée dans le

champ des sciences sociales, ainsi que deux grands dogmes idéologiques : la

principale forme de racisme serait aujourd’hui représentée par l’« islamophobie »,

et le racisme serait toujours et exclusivement le fait des « Blancs », légitimant dès

lors ce qu’il faut bien appeler un racisme anti-blanc. Face à ces dévoiements

inquiétants du néo-antiracisme, seule l’exigence d’universalité peut permettre de

penser une fraternité qui ne soit pas tribale et une solidarité qui ne soit pas sectaire

 

• Pierre-André Taguieff, en entretien avec Roman Bornstein, Les Protocoles des

Sages de Sion des origines à nos jours (2024) : Le document connu sous le titre

Protocoles des Sages de Sion est publié en Russie pour la première fois durant l’été

1903, dans une version abrégée où il est présenté comme le « Programme de la

conquête du monde par les Juifs ». Pierre-André Taguieff retrace ici l'histoire du

faux politico-littéraire le plus célèbre de l’histoire occidentale qui a été aussi le plus

diffusé des faux antijuifs depuis le début du XXe siècle. En se fondant sur de nombreux documents, il analyse les raisons de son extraordinaire succès malgré les

multiples – et formels – démentis publiés quasiment dès sa parution.

​

• Manuel Diaktine, La « race » contre le racisme – Le paradoxe brésilien (2024) : Cet

ouvrage est le premier livre en français sur l'histoire du mouvement afro-brésilien.

Sous l´Empire (1822 – 1889), la question raciale est omniprésente mais cachée, du

fait de la contradiction entre le libéralisme politique et l'esclavage. Les afrobrésiliens

qui s'organisent demandent que leur « race » ne les empêche pas d'être

traités comme tout autre citoyen – antiracisme universaliste. Sous la République

oligarchique (1889-1930), l'abolition de l'esclavage libère la parole raciste et

racialiste, mais de multiples associations noires naissent, à buts sociaux, sans visée

directement politique. Les années 1930-1970 constituent l'apogée de « la

démocratie raciale » et voient les débuts d'une organisation politique des Afro-

Brésiliens. À partir de la fin des années 1970, les militants mobilisent la notion de

« diaspora africaine » pour affirmer une identité afro-brésilienne contre une

« démocratie raciale » qui ne tient pas ses promesses. Si le cas brésilien dialogue

avec le débat français, c'est bien parce qu'il offre l'exemple d'une grande querelle

nationale interne à l'antiracisme. C'est pourquoi il n'est pas du tout étranger au

débat français contemporain.

​

• Benoît Drouot, Lutte contre les racismes et les antisémitismes – pour un autre récit

historique (2025) : À partir des années 1990, s’impose la conviction que le recul du

racisme et de l’antisémitisme résultera de la connaissance des tragédies du passé

auxquelles ces idéologies ont conduit. Trente ans plus tard, le constat est sans

appel : le racisme peine à reculer, l’antisémitisme connaît une nouvelle vigueur et

l’extrême droite xénophobe accumule les succès électoraux. Il devient donc

impérieux d’interroger une pédagogie par la mémoire des événements tragiques

(Shoah, esclavage « négrier », colonisation) qui n’est plus au diapason d’une

société et d’une jeunesse en profonde mutation. Alors que les mémoires sont

devenues des vecteurs de confrontations identitaires, que l’antisémitisme

contemporain puise à des matrices ignorées des programmes scolaires (islam et

antisionisme) et que la recherche historique récente a enrichi et renouvelé les

savoirs, le récit historique doit être profondément repensé. Cet essai suggère de

transmettre l’histoire des racismes et des antisémitismes, non plus en partant de

leurs conséquences les plus tragiques, mais par l’analyse de leur fabrique, de leurs

mythes constitutifs et des stratégies de leur permanence, en privilégiant le temps

long et la démarche comparative, sans éluder ni le rôle des religions, ni les sources

extra-européennes du racisme et de l’antisémitisme.

​

2.3. JOURNEE D’ETUDE ET PROJET DE RECHERCHE
​

Le 17 novembre 2024, le RRA co-organisait avec Sandrine Szwarc de l’Institut universitaire

d’études juives Elie Wiesel, une Journée sur le thème : « Parler d’Israël dans les

universités françaises : perspectives plurielles après le 7 octobre »

http://www.instituteliewiesel.com/content/parler-disra%C3%ABl-dans-lesuniversit%C3%A9s-fran%C3%A7aises-perspectives-plurielles-apr%C3%A8s-le-7-octobre

​

Ce livre a fait l’objet d’une recension par Martine Benoit dans la revue Tsafon – revue d’études juives du Nord,

n°87/2024 (http://journals.openedition.org.ressources-electroniques.univ-lille.fr/tsafon/15473).

​

Cette Journée a réuni des universitaires d’horizons divers sur la manière dont la question

d’Israël est abordée dans les universités françaises, à la suite des événements du 7 octobre

2023. Après une ouverture par Sandrine Szwarc, la conférence inaugurale a été tenue par

Denis Charbit sur le thème « Enseigner et expliquer Israël après le 7 octobre ».

Puis trois tables rondes se sont succédé :

​

• La première, animée par Nadia Malinovich, « Les études israéliennes en

France aujourd’hui », visait à dresser un état des lieux des études israéliennes en

France, en examinant leurs approches, leurs enjeux et leur place dans le paysage

universitaire :

Rina Cohen, « Journal de bord d'une historienne d'Israël face aux tempêtes

médiatiques et politiques depuis le 7 octobre »

Lisa Antéby-Yemini, « Les études sur Israël en France : état des lieux et

perspectives futures »

Michèle Tauber, « Le 7 octobre, ni totem, ni tabou »

​

• La deuxième table ronde, animée par Céline Masson, s’est attaché à analyser

l’impact des événements du 7 octobre sur ce champ d’étude :

Yana Grinshpun, « ‘Certes, il y a eu le 7 octobre, mais…’. Peut-on encore parler

d’Israël à l’université française ? »

Georges-Elia Sarfati, « L’esprit du public vs le palestinisme »

​

• La troisième, animée par Sandrine Szwarc, a permis d’explorer des pistes pour

soutenir et rassurer enseignants et étudiants dans ce domaine, en réfléchissant aux

adaptations possibles et aux ressources nécessaires pour faire face aux défis

soulevés par les récents événements et leur évolution :

Lucien Samir Oulahbib, « Revenir à l’Histoire, aux ‘faits’, malgré la pression

idéologique »

Daniel Sibony, « La représentation d’Israël ».

​

Un projet de recherche a été impulsé fin 2024-début 2025 : il s’agit d’un projet d’enquêtes

sur l’antisémitisme dans les universités, qui associe l’équipe de recherche Cobtek,

Université Côte d’Azur, et le Centre Expert Pédiatrique du Psychotraumatisme dirigés par

le Professeur Florence Askénazy à Nice (PUPH), le Réseau de recherche sur le Racisme et

l’Antisémitisme, dirigé par Céline Masson, Professeure de psychopathologie de l’enfant et

de l’adolescent à l’Université de Picardie Jules Verne, et l’OEuvre de Secours aux Enfants

(OSE), dirigée par Eric Ghozlan (docteur en psychologie et psychologue clinicien).

L’objectif est d’observer les relations entre l’état de stress et le risque de symptômes de

l’état de stress traumatique chez une population de lycéens scolarisés dans un

établissement privé confessionnel juifs et d’étudiants en population générale exposés aux

actes antisémites ou antijuifs dans le contexte actuel. Les témoignages recueillis par le

RRA serviront de base à cette analyse.

​

2.4. SOUTIENS
​

Le comité directeur du RRA a souhaité apporter un soutien financier à deux projets :

​

• Le film Shmonzes – la mémoire par l’objet : Shmonzes : probablement venu du mot

schmunzeln, « sourire », puis « petit objet de rien du tout ». Le film s’attache à ces

petits objets qui nous sourient ont traversé l’histoire, qui, transmis d’une

génération à l’autre, sont porteurs de la mémoire familiale et représentent les

disparus toujours présents sur la route de soi.

​

Le film a été projeté pour la première fois le 5 mai 2024 au Musée d’Art et d’Histoire

du Judaïsme dans le cadre du colloque « Shmonzes – la mémoire par l’objet »

organisé par Céline Masson (dont on retrouvera le programme ici :

https://www.mahj.org/fr/programme/shmonzes-la-memoire-par-lobjet-30893) . Il

a ensuite été projeté à Tel Aviv, à Paris (au MK2 Beaubourg), au MEDEM

(https://www.centre-medem.org/EVT/projection-du-documentaire-lesshmonzes-avec-celine-masson-et-michel-nedjar/) , à Bruxelles au CCLJ (Centre

Communautaire Laïc Juif, https://cclj.be/projection-debat-du-film-shmonzes/ ), au

cinéma Star à Strasbourg, au mémorial de la Shoah

(https://billetterie.memorialdelashoah.org/fr/evenement/shmonzes-la-memoirepar-

lobjet-de-celine-masson) . De plus, des DVD ont été édités en vente à la

librairie du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (Paris).

On peut visionner ici la bande-annonce du film

(https://www.youtube.com/watch?v=785P8qQpkOw ) et écouter une interview de

Céline Masson sur son film (https://www.youtube.com/watch?v=iyxzgtwF1Q4).

​

• L’ouvrage collectif dirigé par Aurélie Barjonet et Sylvie Brodziak, Présence des

Disparus de Daniel Mendelsohn dans la création contemporaine, paru en novembre

2024 aux Éditions Hermann : Ce volume interroge le succès des Disparus de Daniel

Mendelsohn, paru en français en 2007. The Lost : A Search for Six of Six Million est

une enquête sur six personnes de la famille maternelle de l’auteur, les Jäger, qui

vivaient dans l’Ukraine actuelle et ont été assassinées pendant la Shoah. Cette

oeuvre américaine renouvelle profondément l’écriture littéraire de l’Histoire et de

la mémoire familiale. Daniel Mendelsohn a trouvé une forme en mesure de

résoudre un grand nombre de difficultés propres à la représentation des tragédies

historiques. Les Disparus a suscité un engouement pour les enquêtes familiales et

a trouvé un écho dans de nombreuses disciplines.

Le comité directeur du RRA a également décidé de soutenir l’Association « Littérature et

liberté », créée le 9 décembre 2024 pour soutenir Boualem Sansal et faire connaître son

oeuvre.

​

2.5. EVENEMENT
​

La directrice du RRA depuis sa création, Céline Masson, a été promue Chevalier de la

Légion d'Honneur au titre de la Grande Chancellerie (d’après le décret du 15 janvier 2025).

Cet hommage républicain honore un engagement remarquable que tous les membres du

RRA saluent.

​

3. LES PERSPECTIVES 2025
​

Outre la poursuite de notre soutien à des initiatives variés, nous souhaitons en 2025

relancer le Prix de thèse RRA-Jeanne Hersch, poursuivre nos cycles de conférences qui

montrent l’engagement scientifique du RRA, réfléchir à une possible restructuration de

notre réseau.

​

3.1. RELANCE DU CONSEIL SCIENTIFIQUE
​

Soucieuse du développement scientifique du Réseau, la direction du RRA, en accord avec

le CoDir, a proposé à Sébastien Mosbah-Natanson, Maître de conférences en sociologie à

Sorbonne Université. Son travail de thèse consacré à « ‘La sociologie est à la mode’.

Productions et producteurs de sociologie en France autour de 1900 » a été honoré par le

Prix de thèse de la Fondation Auguste Comte 2007-2008. Les recherches de Sébastien

Mosbah-Natanson couvrent donc d’abord l’histoire sociale et intellectuelle de la

sociologie, également la sociologie historique des sciences (sociales) et la sociologie

politique (idéologies politiques et sciences sociales) ainsi que les études juives et la

sociologie de l’antisémitisme.

Sébastien Mosbah-Natanson est en train de reconstituer le Conseil Scientifique qui sera

opérationnel à la fin de l’année 2025.

​

3.2. RELANCE DU PRIX DE THESE RRA-JEANNE HERSCH

​

Le « Prix de thèse RRA-Jeanne-Hersch » dont la première session a eu lieu en 2021 est

relancé. Récompensant une thèse de doctorat originale en langue française, ce Prix

concerne des champs d’étude volontairement très larges. Les travaux récompensés

peuvent ainsi aborder le racisme et l’antisémitisme par les prismes de leurs différents

champs d’étude et de thèmes (comme, par exemple, la ville, la justice, le travail,

l’éducation, l’école, les conflits interethniques, la psychologie, les médias, …).

Présidé par Yann JUROVICS, Maître de conférences en Droit international, spécialiste de

justice internationale, génocide, crime contre l’humanité, le jury renouvelé, rassemble des

spécialistes de différentes disciplines :

​

• Joëlle ALLOUCHE-BENAYOUN, Maître de conférences honoraire en psychologie,

Université Paris 12, membre du GSRL (CNRS), psychosociologue ;

​

• Gérard BENSUSSAN, Professeur émérite en Philosophie, Université de

Strasbourg, philosophie (générale), philosophie « juive », domaine judéoallemand

​

• Jacques EHRENFREUND, Professeur d’Histoire, Université de Lausanne, Histoire

des Juifs et du judaïsme pour les périodes modernes et contemporaines ;

​

• Joël KOTEK, Professeur émérite en Histoire, Président de l'Institut Jonathas

(Bruxelles) ; spécialités : Antisémitisme - Shoah – Génocide ;

​

• Sébastien MOSBAH-NATANSON, Maître de conférences en sociologie, Sorbonne

Université, spécialiste d’histoire sociale et intellectuelle de la sociologie, des études

juives et d’antisémitisme, des idéologies politiques et sciences sociales ;

​

• Perrine NAHUM, Historienne, Directrice de recherches au CNRS, spécialiste

d’histoire du judaïsme, de philosophie de l'histoire et de théorie politique ;

​

• Stéphanie ROZA, Philosophe, Chargée de recherches au CNRS, spécialiste de

philosophie générale, de philosophie morale et politique, d’histoire des idées

politiques ;

​

• Jean SZLAMOWICZ, Professeur, Université de Bourgogne, linguiste ;

​

• Pierre-André TAGUIEFF, Philosophe, politiste et historien des idées, directeur de

recherche au CNRS, il est l’auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages. Ses

principaux domaines de recherche vont du racisme et de l’antisémitisme au

nationalisme, au populisme et à l’eugénisme. Il a aussi publié des études sur l’idée

républicaine et le devenir de la démocratie, les problèmes posés par le

multiculturalisme et le communautarisme, la question du pluralisme, les

interprétations de l’histoire, l’idée de progrès, les visions et les théories de la

décadence, la bioéthique, les « théories du complot », les extrémismes et en

particulier l’islamisme.

​

• Paul ZAWADZKI, Maître de conférences en sciences politiques, Université Paris

1/GSRL-EPHE-CNRS, spécialiste de philosophie politique et sciences sociales.

Le RRA s’est en outre associé à l’Institut Jonathas, Centre d’études et d’action contre

l’antisémitisme (Bruxelles).

​

3.3. POURSUITE DES CONFERENCES

​

Le succès des conférences en distantiel nous encourage à poursuivre cette action qui

permet à la fois de positionner clairement le RRA dans le champ intellectuel et également

de répondre à une demande réelle.

A la rentrée universitaire 2025-26, notre nouveau cycle de conférences sera consacré à la

haine en tant qu’idéologie radicale. Nous tenterons d’en éclairer les ressorts à travers des

approches croisées de linguistes, historiens, sociologues, psychologues, psychanalystes,

juristes ou politistes. En prenant appui sur des faits d’actualité parfois violents, nous

tenterons d’en proposer une analyse structurée.

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